confidences sous tapisserie

installation in situ

2022

​

musée de picardie

amiens / france / 04.10.2022 - 18.01.2023

sur une invitation de maya derrien

​

techniques mixtes

papier peint, bois, néons, masques, costume, coussin, bibelot, mains, textiles,

fausses cigarettes, corbeaux, socles, escargots, drag queens portraits

​

À l’occasion de l’édition 2022 du festival IC.ON.IC, Mehryl Ferri Levisse a créé pour le Musée de Picardie à Amiens Confidences sous tapisserie, une installation croisant des références à l’histoire de l’art aux codes de la culture LGBTQIA+ au travers d’une esthétique foisonnante mise au service d’un discours critique. Le dispositif imaginé reproduit la forme d’une pièce à la décoration kitsch présentée derrière une vitrine donnant sur la rue qui mène au Musée. Chacun des objets qui composent cette mise en scène porte une signification précise et contribue à donner un sentiment confus d’attraction et de malaise, de curiosité interdite et de contemplation obscène.

Les néons roses attirent l’œil des passants surpris par l’intimité qu’ils surprennent : dans un intérieur désuet et familier surgissent les signes d’une sensualité tapageuse. Les membres fragmentaires – mains gantées, jambes parées de bas et talons aiguilles - et les figures féminines amputées rendent visible une réalité trop souvent cachée : celles des corps exclus des normes de beauté « valides », mais pas moins désirants.

Au-delà des thèmes centraux du handicap et du travail du sexe, c’est à tous les « invisibles » que l’artiste souhaite rendre une voix. Les minorités raciales, sexuelles et sociales sont symbolisées par la figure du « Fantôme » un mannequin recouvert d’une tapisserie surannée et affublé d’un visage cartoonesque : il fait référence au phénomène des hidden mothers, ces mères recouvertes de draps épais sur les photographies de l’époque victorienne, qui avaient pour seul rôle de maintenir en place leur bambin le temps de la pose.

Répondant à la thématique du festival IC.ON.IC 2022 « Du dedans du dehors, des espaces sans frontière ? », l’artiste a construit son installation sur un double registre. La face visible, qui s’articule autour d’un papier peint conçu pour l’occasion, donne à l’ensemble une atmosphère feutrée et camp. La face cachée, accessible depuis l’intérieur du Musée, se plaît à dévoiler les coulisses du dispositif. Cette construction en miroir entend mettre au jour les ressorts d’une société fondée sur les apparences qui tend à uniformiser les discours et les visages au travers de l’utilisation quotidienne des réseaux sociaux.

En parallèle de sa proposition au Musée de Picardie, Mehryl Ferri Levisse a produit dans le cadre d’un workshop impliquant des élèves de l’ésad et de l’Université Picardie Jules Verne, une installation intitulée Confidences pour Confidences présentant des moulages en plâtres issus de la collection de l’ancienne École des Beaux-Arts d’Amiens. Ces objets sont réinterprétés au prisme la fascination de l’artiste pour les motifs décoratifs et de sa posture militante qui vise à faire progresser la place des artistes queer dans sur la scène artistique actuelle.

text by Maya Derrien

Conservatrice du patrimoine, responsable de l’art moderne et contemporain
Musée de Picardie, Amiens

​